samedi 12 janvier 2013

Vers la fin du gaz russe en Ukraine ?




La Russie est le premier exportateur de gaz au monde. Une activité qui lui permet d’avoir une certaine influence sur l’ancien bloc soviétique, mais qui, dans une autre mesure la rend tributaire des nations de l’est, notamment de l’Ukraine. Du moins provisoirement.
L’Ukraine a 50% de ses importations gazières qui proviennent de Russie. Une dépendance vis-à-vis du voisin russe qui a d’ailleurs servi de prétexte (parmi d’autres chefs d’accusation qualifiés d’abus de pouvoir) au gouvernement de Viktor Ianoukovytch pour enfermer l’opposante politique Ioulia Timochenko. Elle est l’ancienne collaboratrice de Viktor Ioutchenko, leader de la révolution orange et président de 2005 à 2010. C’est elle qui, lorsqu’elle était membre du gouvernement (de 2005 à 2010) avait alors négocié ces accords économiques avec la Russie. Un prétexte qui permit surtout à la présidence de bloquer le leader de l’opposition et donc son parti, le BIouT (bloc Ioulia Tilochenko).
Dans cette affaire, la Russie soutenait la candidature de l’ancienne Premier ministre en 2010 lorsque celle-ci s’était opposée à son ancien collaborateur Viktor Ioutchenko ainsi qu’au futur président Viktor Ianoukovitch. Car la Russie avait intérêt à parier sur le bon cheval pour éviter un nouveau conflit gazier avec l’Ukraine comme ce fut le cas en 2009. A cause d’un différend sur les prix datant de 2005, année de la fin des avantages Ukrainiens sur les tarifs fixés par Gazprom, la Russie a diminué le débit de ses gazoducs destinés à l’Ukraine. Un débit moindre qui selon Moscou a été compensé en « volant » le gaz naturel transitant par Kiev qui était destiné au reste de l’Europe.
Alors tous ces problèmes qui persistent entre les deux anciens Soviétiques tendent à compliquer une relation d’interdépendance complexe. L’Ukraine est très largement dépendante du gaz russe même si elle cherche à trouver de nouveaux fournisseurs. D’un autre côté la Russie ne peut se résoudre à cesser son « partenariat » puisque près de 80% des exportations de Gazprom vers l’Union Européenne passent par l’Ukraine. Une dépendance territoriale que Vladimir Poutine tente de diminuer en mettant en place de nouveaux gazoducs comme North stream en mer Baltique (créé en 2011) et South Stream en mer Noire dont les travaux ont débuté fin 2012.
Un début de solution
Emmenée par la politique stricte et indépendante (de la Russie) de Ianoukovytch, l’Ukraine a signé, en octobre dernier, un accord avec la société allemande KWE pour avoir un nouveau partenaire gazier. Le président de la société ukrainienne Naftogaz espère même réduire ses importations russes de 27% en 2013.
La vraie solution pour l’Ukraine pourrait venir de la Chine et de sa technologie permettant de créer du gaz de synthèse par gazéification du charbon (une méthode dite écologique). Le président Ianoukovytch a d’ailleurs annoncé la construction de cinq usines créatrices de gaz dès cette année. Mais ces usines ont un coût, 3.5milliards d’euros pour l’ensemble du projet, une somme que la chine est disposée à prêter.
Tout semble donc indiquer que la Russie et l’Ukraine vont progressivement s’éloigner sur la question du gaz, chacune cherchant à devenir indépendante l’une de l’autre. Une indépendance fragile qui pourrait bien ne pas durer longtemps si la Russie venait à revenir sur les accords de 2009 concernant les prix du gaz. Enfin si l'Ukraine n'arrive pas à s'approvisionner suffisamment avec ses nouveaux fournisseurs le pays risque de faire marche arrière et de revenir frapper à la porte de son ancien partenaire.  

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