La Russie est le premier exportateur
de gaz au monde. Une activité qui lui permet d’avoir une certaine
influence sur l’ancien bloc soviétique, mais qui, dans une autre
mesure la rend tributaire des nations de l’est, notamment de
l’Ukraine. Du moins provisoirement.
L’Ukraine a 50% de ses
importations gazières qui proviennent de Russie. Une dépendance
vis-à-vis du voisin russe qui a d’ailleurs servi de prétexte
(parmi d’autres chefs d’accusation qualifiés d’abus de
pouvoir) au gouvernement de Viktor Ianoukovytch pour enfermer
l’opposante politique Ioulia Timochenko. Elle est l’ancienne
collaboratrice de Viktor Ioutchenko, leader de la révolution orange
et président de 2005 à 2010. C’est elle qui, lorsqu’elle était
membre du gouvernement (de 2005 à 2010) avait alors négocié ces
accords économiques avec la Russie. Un prétexte qui permit surtout
à la présidence de bloquer le leader de l’opposition et donc son
parti, le BIouT (bloc Ioulia Tilochenko).
Dans cette affaire, la Russie
soutenait la candidature de l’ancienne Premier ministre en 2010
lorsque celle-ci s’était opposée à son ancien collaborateur
Viktor Ioutchenko ainsi qu’au futur président Viktor Ianoukovitch.
Car la Russie avait intérêt à parier sur le bon cheval pour éviter
un nouveau conflit gazier avec l’Ukraine comme ce fut le cas en
2009. A cause d’un différend sur les prix datant de 2005, année
de la fin des avantages Ukrainiens sur les tarifs fixés par Gazprom,
la Russie a diminué le débit de ses gazoducs destinés à
l’Ukraine. Un débit moindre qui selon Moscou a été compensé en
« volant » le gaz naturel transitant par Kiev qui était
destiné au reste de l’Europe.
Alors tous ces problèmes qui
persistent entre les deux anciens Soviétiques tendent à compliquer
une relation d’interdépendance complexe. L’Ukraine est très
largement dépendante du gaz russe même si elle cherche à trouver
de nouveaux fournisseurs. D’un autre côté la Russie ne peut se
résoudre à cesser son « partenariat » puisque près de
80% des exportations de Gazprom vers l’Union Européenne passent
par l’Ukraine. Une dépendance territoriale que Vladimir Poutine
tente de diminuer en mettant en place de nouveaux gazoducs comme
North stream en mer Baltique (créé en 2011) et South Stream en mer
Noire dont les travaux ont débuté fin 2012.
Un début de solution
Emmenée par la politique stricte et
indépendante (de la Russie) de Ianoukovytch, l’Ukraine a signé,
en octobre dernier, un accord avec la société allemande KWE pour
avoir un nouveau partenaire gazier. Le président de la société
ukrainienne Naftogaz espère même réduire ses importations russes
de 27% en 2013.
La vraie solution pour l’Ukraine
pourrait venir de la Chine et de sa technologie permettant de créer
du gaz de synthèse par gazéification du charbon (une méthode dite
écologique). Le président Ianoukovytch a d’ailleurs annoncé la
construction de cinq usines créatrices de gaz dès cette année.
Mais ces usines ont un coût, 3.5milliards d’euros pour l’ensemble
du projet, une somme que la chine est disposée à prêter.
Tout semble donc indiquer que la
Russie et l’Ukraine vont progressivement s’éloigner sur la
question du gaz, chacune cherchant à devenir indépendante l’une
de l’autre. Une indépendance fragile qui pourrait bien ne pas
durer longtemps si la Russie venait à revenir sur les accords de
2009 concernant les prix du gaz. Enfin si l'Ukraine n'arrive pas à
s'approvisionner suffisamment avec ses nouveaux fournisseurs le pays
risque de faire marche arrière et de revenir frapper à la porte de
son ancien partenaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire