jeudi 23 février 2012

Neyret, mafieux pour la bonne cause?


Pour certains, il était le meilleur, pour d’autres, c’était un « pourri ». Depuis quatre mois, c’est à Paris que Michel Neyret doit se défendre de ses méthodes et son carnet d’adresse mafieux.
Il était le “superflic” mais le 3 octobre 2011, tout s’arrête pour Michel Neyret. Mis en examen pour “corruption“, “trafic d’influence”, “association de malfaiteurs”, “trafic de stupéfiants”, “détournements de biens” et “violation de secret professionnel“, l’ancien numéro 2 de la PJ de Lyon s’écroule. Accusé d’avoir noué des liens trop intimes avec ses informateurs issus des milieux criminels, il est celui qui a blessé et sali la police judiciaire. Ses collègues parlent de « mise sous pression ». Ils auraient été abusés par leur patron, lequel les cataloguait « conciliants », « moins conciliants » ou « psychorigides » en fonction de leur collaboration et adéquation aux pratiques de leur supérieur.
Surveillé et mis en écoute, Michel Neyret et ses méthodes apparaissent plus que douteux. Il ordonnait aux fonctionnaires placés sous ses ordres de récupérer de la drogue saisie avant qu’elle ne soit détruite. L’ex commissaire explique qu’elle était destinée à des informateurs alors que l’enquête parle d’”enrichissement personnel” et de “blanchiment d’argent”. La dernière affaire date d’aout 2011. Neyret voulait mettre la main sur une centaine de kilos de résine de cannabis. Les écoutes téléphoniques laissent entendre le commissaire indiquer qu’il allait falloir se « servir ».
Le vrai problème, c’est en effet ce lien très (trop?) étroit entre Neyret et de grands bandits. En étudiant ses conversations téléphoniques, la police a pu le lier à trois malfaiteurs : Michel Zaragoza, Gilles Benichou et Stéphane Alzraa. C’est d’ailleurs ce dernier qui aggrave encore sa mauvaise réputation. Le 13 janvier 2012, une affaire de fraude à la taxe carbone qui aurait rapporté 50 millions d’euros à Alzraa est mise en lumière. A-t-il corrompu le commissaire avec cet argent? Même si les deux nient en bloc, Neyret se retrouve une fois de plus devant le juge d’instruction.
Justine Fontaine