dimanche 27 janvier 2013

Enquete sociologique de l'épicerie Agoraé


L'épicerie solidaire ou sociale est une structure souvent de petite taille qui doit permettre d'apporter à certaines personnes en difficulté économique et sociale une aide alimentaire. Les épiceries solidaires répondent à une échelle moindre à un besoin croissant de la population face à la précarisation. L'épicerie sociale a également vocation à mettre en avant les relations sociales, elle a l'ambition de « resocialiser » certaines personnes qui vivent en marge de la société. Les rapports humains sont privilégiés. Face au constat de la paupérisation grandissante des étudiants, identifiée par les associations du réseau de la FAGE, une réflexion a été menée pour apporter une solution complémentaire aux dispositifs déjà existants. C'est ainsi qu'est né le projet Agoraé qui signifie: Agora étudiante. Le projet Agoraé consiste en la mise en place d'épiceries solidaires sur les campus pour permettre aux étudiants en difficulté d'accéder à une alimentation saine et équilibrée tout en créant un lieu de rencontre et d'engagement citoyen.

Nous avons réalisé une étude sociologique dans cette épicerie sociale pour voir quel regard les usagers portent sur leur épicerie sociale. Avec un échantillon de 6 étudiants interrogés (3 étudiants et 3 étudiantes) inscrits à l'Agoraé. Les interviews ont été réalisées sur place à Villeurbanne. Les étudiants faisaient leurs achats et nous rejoignaient dans une salle située derrière l’épicerie.

Êtes-vous satisfaits de la variété des produits?

Presque la totalité des personnes sont très satisfaites de la variété des produits de l’épicerie. Cela témoigne de l'importance de l'investissement de l'épicerie Agoraé qui est déterminée à proposer à ses usagers un accès à des produits variés moyennant une faible participation financière. C'est grâce à cet investissement que Pablo (espagnol de 26 ans, étudiant en Master1 d'électronique automatique)  nous explique « qu'il se fournit presque exclusivement à l'épicerie hormis pour les fruits et légumes ». S'ils ne consomment pas tous exclusivement à l'épicerie, ils sont nombreux à dire que la variété des produits proposés les a surpris, qu'ils sont très satisfaits d'acheter des produits qu'ils n'auraient pas pensé pouvoir consommer dans une épicerie sociale.

Vos pratiques alimentaires ont-elle changé depuis que vous consommez à l'épicerie sociale?

Au niveau des pratiques alimentaires, deux personnes sur six n’ont rien changé. Consommer à l’épicerie a donc un impact ,certes parfois léger, sur leur manière de consommer. Ainsi Justine (20 ans, étudiante à l'Ufraps) déclare: « Je ne déjeunais pas avant mais aujourd'hui oui ». Elle explique ce changement dans ses habitudes alimentaires par la qualité des produits qu'elle a pu acheter. De même Emilie (18 ans, en première année de droit) a été surprise par la qualité des produits proposés à l'épicerie. Depuis elle explique consommer « des produits bio » de l'épicerie. Si toutes les personnes interrogées n'ont pas autant bouleversé leurs habitudes alimentaires, elles sont toutes unanimes pour dire qu'elles consomment mieux qu'avant.

Qu'est-ce qui vous satisfait le plus dans cette épicerie sociale? Le prix, le choix, la qualité des produits?

Le prix est ce qui satisfait le plus dans l’épicerie. Environ 66% des étudiants interrogés regardent en priorité leur budget. Il n'est pas étonnant de constater que le prix est ce qui satisfait le plus tous les usagers de l'épicerie sociale. A l'Agoraé les produits sont ,en moyenne, vendus 20% du prix usuel. C'est dire si la consommation à l'épicerie permet de réaliser des économies importantes. Le choix et la qualité sont donc relégués à une moindre importance mais le fait que deux personnes sur six les mettent en avant montrent l'intérêt accordé à ces domaines. De plus si le prix satisfait autant les clients de l'épicerie sociale, c'est qu'il est accompagné d'un choix et d'une qualité des produits à la hauteur des attentes des consommateurs.

A quelle fréquence venez-vous à l'épicerie?

Environ 33% des personnes interrogées se rendent moins de 2 fois par semaine à l’épicerie et ceux qui y vont moins de 2 fois par mois représentent 33% également. Ce sont des résultats très variés car la question est subjective à chacun. Chaque individu trouve son propre rythme de venues à l'épicerie. On s'est aperçu que les personnes interrogées avaient une idée claire et bien définie de leurs venues à l'épicerie, c'est à dire qu'elles avaient trouvé une certaine habitude de consommation à l'épicerie. Ces mêmes personnes assurent que fréquenter l'épicerie sociale leur a permis de mieux structurer et surtout gérer leur budget. La régularité de leurs achats leur permet de mieux s'y retrouver à la fin du mois.

L'étude que nous avons réalisée peut nous amener à tirer quelques conclusions bien que l'échantillon ne nous permette pas de proposer une analyse globale et pertinente à l'échelle de toute l'épicerie sociale. Les personnes interrogées sont d'abord sensibles au fait qu'elles bénéficient avec l'épicerie sociale d'une aide précieuse au quotidien. Ensuite ils sont majoritairement d'accord pour dire que l'épicerie sociale a changé leur mode de consommation. De plus l'ambiance de l'épicerie et les relations amicales qu'ils ont nouées avec les gérants fait l'unanimité, preuve que l'épicerie sociale n'a rien de stigmatisant pour eux. Enfin ils sont pour la plupart très satisfaits des marchandises proposées, au niveau du prix notamment mais aussi au niveau de la qualité. En bref même s'ils ne se sentent pas « privilégiés » outre mesure, ils reconnaissent avoir de la chance de bénéficier d'un tel dispositif. La plupart d'entre eux seraient même prêts à rendre la pareille en s'investissant davantage dans la vie de l'épicerie.

Un site dédié à la présentation en détail d'une épicerie sociale:
Un article sur EPISOL, une épicerie sociale et pédagogique:
http://www.cairn.info/revue-empan-2006-4-page-78.htm

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire