dimanche 16 décembre 2012

Jusqu'où ira la course au low-cost?

                                                                            

photo 20 minutes
 Le low-cost est-il l'avenir de la téléphonie mobile en France? Il semblerait bien que oui, l'ensemble des opérateurs ayant choisi cette stratégie. Et pour cause l'arrivée de Free sur le marché du mobile a eu l'effet d'une bombe. Le nouvel opérateur a voulu marquer le coup pour son entrée sur le marché et a engagé une guerre des prix qui a bouleversé l'ordre établi par SFR, Orange et Bouygues Telecom. Alors comment ces trois acteurs historiques de la téléphonie mobile ont-il accueilli l'arrivée de Free et comment s'y prennent-ils pour résister à cette nouvelle concurrence?

Un an. Un an déjà que Xavier Niel, le PDG d'Iliad, , à la manière du regretté Steve Jobs pour Apple, impose sa stratégie à ses concurrents. Forfait à 20 euros tout illimité, voilà le pari de Xavier Niel, pari sur l'avenir puisqu'aujourd'hui tous les opérateurs se lancent dans le low-cost. Mais cette course effrénée vers les prix les plus bas n'est pas sans conséquence. Orange, SFR et Bouygues Telecom tentent comme ils peuvent de se défendre et de surmonter le défi lancé par Free.

Orange, le premier opérateur de téléphonie de France, « a mieux résisté que les autres acteurs » a souligné son PDG, Stéphane Richard. Dans une interview accordée à 20 minutes, le patron d'Orange fait le point sur l'arrivée de Free et du low-cost sur le marché. Stéphane Richard admet que Orange « se bat pour encaisser le choc ». « Nous finissons l'année avec presque autant de clients qu'on l'a commencée, mais la forte baisse des prix nous procure moins de ressources ». Un manque à gagner donc qui ne le perturbe pas pour autant: « C'est une année d'adaptation, nous préservons deux axes en priorité: l'emploi et l'innovation ». Quand est-il de l'emploi justement? En cette période difficile, l'arrivée de Free a eu, à n'en pas douter, des dommages collatéraux: « Lancer un opérateur avec une stratégie de guerre des prix sur un marché saturé, c'était prendre un risque énorme sur le tissu industriel, il n'y aura pas de licenciements ni de plan de départs d'ici 2015 » assure t-il. « Toutefois nous ne remplacerons sur cette période qu'un emploi sur deux/trois, à savoir 4000 recrutements en CDI ».

SFR et Bouygues Telecom sont les deux opérateurs qui ont le plus souffert de l'arrivée de Free. Le marché des mobiles en France a bel et bien été bouleversé par l’arrivée de Free Mobile. Selon une étude de l'économiste Bruno Deffains, ce sont près de 70 000 emplois qui sont menacés dans la filière télécom dans les trois années à venir. Alors que le nouvel acteur a pris 5% du marché français, le chiffre d’affaire global du secteur a chuté de 4,5% entre le premier trimestre 2011 et le premier trimestre 2012, et les opérateurs s’attendent à une basse globale de 10% d’ici la fin de l’année 2012. Pour faire face à la baisse des prix imposée par Free Mobile, tous les coûts sont compressés, et la délocalisation des centres d’appels consolidée, voire amplifiée. Ces délocalisations constituent la plupart des 10 000 emplois perdus dans les télécoms sur l'année 2012. Les distributeurs qui représentent les milliers de sous-traitants des opérateurs « sont la variable d'ajustement des opérateurs » et paient donc actuellement au prix fort les difficultés de SFR et Bouygues Telecom. Ces deux opérateurs prévoient déjà de mettre en place des plans de départ volontaire, entre 500 et 1000 postes concernés chez SFR et 556 pour Bouygues Telecom (source CFE-CGC UNSA)

Face à cette situation qui s'aggrave de jour en jour, les trois acteurs historiques tentent et multiplient désespérément leurs offres pour éviter de laisser le champ libre à Free. Orange a lancé Sosh (forfaits 9,90 euros pour 2h d'appels et sms illimités et 19,90 appels et sms illimités), à laquelle a répliqué Bouygues Telecom avec B&You sensiblement équivalente (9,99 euros appels et sms illimités sauf internet et 19,99 euros tout illimité). SFR est allé plus loin, son opérateur low-cost Joe Mobile qui propose un forfait à partir de 5 euros à composer soi-même (SMS et MMS illimités en France, internet + appels nécessiteront des coûts supplémentaires).

Une autre marque low-cost de SFR, RED s'est immédiatement alignée sur l'offre « super low-cost » de Free. Et cette fois-ci il sera difficile de faire moins cher, 2 euros pour 2 heures de voix et SMS illimités. Seulement 24h plus tard, SFR dévoilait ses offres Noël avec son offre RED, 4,99 euros avec 2h de voix, SMS et MMS illimités alors qu'elle était à 9,90 euros auparavant. Le jeu de massacre continuera jusqu'où? Peut-on raisonnablement continuer à baisser les tarifs? On peut alors se demander si des offres gratuites ne vont pas apparaître tant tout ceci semble ridicule et ubuesque! Mais Free s'entête à constamment relancer la guerre des prix alors que ses trois concurrents n'attendent qu'une chose: une pause dans la course en avant au toujours moins cher. La stratégie de Free agace donc au plus haut point ses concurrents et les quatre opérateurs ne cessent de se poursuivre en justice (Bouygues Telecom et SFR ont déposé plainte contre Orange pour des offres anti-concurrentielles récemment) mais qu'en est-il des syndicats?

Christophe Laronze, responsable syndical CGT des Télécommunications du Rhône, nous donne son point de vue sur l'arrivée de Free sur le marché des télécoms: « Ce n'est pas une concurrence déloyale de la part de Free, c'est une concurrence organisée par l'ARCEP (autorité de régulation des communications électroniques et des postes) qui a décidé de l'entrée de Free: c'est donc entièrement la responsabilité de cet organisme d'État qui a voulu créer davantage de concurrence. Christophe Laronze ajoute que 10 000 emplois sont menacés, des plans sociaux caractérisés chez SFR et Bouygues, des départs anticipés, des départs à la retraite non remplacés, également chez France-Telecom/Orange. La mise en concurrence est outrancière, ce qui va arriver c'est non seulement des suppressions d'emplois mais aussi une baisse des salaires. Free n'a fait qu'accélérer cette concurrence. Les réseaux se superposent alors que les opérateurs ont les mêmes besoins, Free utilise aujourd'hui le réseau de France Telecom. A ce rythme on peut imaginer des rachats ou fusions si le marché ne se stabilise pas. Au niveau local, des salariés de SFR ont manifesté à Part-Dieu la semaine dernière, environ 100 postes vont être supprimés dans le département ».

Jean-Claude Garcia, du syndicat CFDT des Postes et Télécommunications du Rhône, rappelle que l'arrivée de Free « était une décision du gouvernement précédent. Le problème c'est que Free propose des offres commerciales préférentielles au détriment du service après vente qui est moins coûteux puisque la sous-traitance est délocalisée au Maroc. Chez Free les relations sociales sont aussi low-cost! Le fait syndical y est très marginalisé. SFR est dans la plus mauvaise posture, il y a actuellement un plan de départs volontaires: 1000 postes en France vont être supprimés. Des rumeurs indiquent que le groupe Vivendi qui possède SFR souhaite vendre l'opérateur. France-Telecom-Orange gère pour le moment les départs en retraite non remplacés. Sur la région 150 postes seront supprimés sur trois sites différents: Bron, Saint-Priest et Grenoble ».


Thomas Courtade


http://www.choisirsonforfait.com/

http://www.meilleurmobile.com/comparateur/comparateur-de-forfaits.do












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