René Gaucher, banquier à
OSEO, explique comment fonctionne l'aide aux financements des
entreprises dans un contexte de crise financière.
Quel est le rôle de la banque
OSEO ?
Son rôle est d’aider le
développement d’entreprises en France et plus
prioritairement des PME c’est-à-dire des entreprises qui
font moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaire. On
n’est pas une banque de réseau, pas comme le Crédit Agricole ou la Banque Lyonnaise. Chez nous, on ne fait pas de comptes
bancaires, pas de placements, mais que du financement d’entreprises.
Il faut rappeler qu’il s’agit d’une banque 100% publique. Les
fonds que l’on utilise pour financer les entreprises viennent de
l’Etat et de la Caisse des Dépôts et de Consignation.
Ces financements peuvent avoir lieu dans tous les secteurs
d’activités. Cela peut être dans le transport, la
mécanique, l’informatique…
Pouvez-vous me donner le nom de PME qui
demandent cette aide financière ?
Je ne peux pas vous répondre car
je suis soumis au secret bancaire.
Je suis délégué
régional. J’ai la responsabilité de la délégation
qui est à Lyon. Mon rôle est, avec 23 personnes qui sont
sous ma responsabilité, d’étudier le projet de chaque
entreprise afin de voir si on peut le financer. Les derniers projets
que j’ai analysés sont une demande de financement pour faire
construire un immeuble ainsi que la création d’une filiale
en Chine.
Est-ce que vous avez des
implantations à l’étranger ?
On n’a pas d’implantations à
l’étranger mais des accords de partenariat avec une
quinzaine de pays. On travaille avec des banques qui se trouvent au
Japon, en Russie, au Canada, en Israël, et qui ont le même
rôle qu’OSEO. Cela permet de financer des entreprises
françaises qui s’installent à l’étranger.
Par exemple, en ce moment on travaille avec des entreprises qui
veulent investir en Chine, et le financement est facilité
grâce à un accord entre la banque russe qui finance elle
aussi des entreprises russes.
Quels sont les critères
demandés aux entreprises pour qu’elles bénéficient
de financements ?
Il y a des critères d’ordre
réglementaire. Ils sont imposés par la Commission Européenne de Bruxelles. Ils sont basés sur l’effectif
de l’entreprise, sur le niveau de chiffre d’affaire, sur les
actionnaires de l’entreprise. Il y a aussi des critères
financiers qui analysent la santé de
l’entreprise. On analyse son projet et on regarde si ce dernier
peut permettre à l’entreprise de se développer ou
bien alors s’il est susceptible de la déstabiliser.
Aujourd’hui dans le cadre de la
crise, est-ce que les entreprises éprouvent de plus en plus de
mal à trouver un financement?
Pour certains projets qui sont des projets "à risques " il est difficile de
trouver des financements. Il s’agit de projets d’innovations, de
création ou de transmission d’entreprise.
Est-ce que la crise financière
est un frein au développement des investissements des
entreprises ?
La crise financière a généré
de la prudence chez les chefs d’entreprises car il y a moins de
visibilité au niveau économique sur les trimestres à
venir, donc ils hésitent un peu plus à lancer des
projets. Du côté des banques traditionnelles comme la banque
Général, il y a aussi une hésitation à
financer. Mais même si une entreprise retarde ses
investissements pendant six mois, un an, deux ans, il y a un moment
où elle est obligée de les faire.
C’est-à-dire ?
Prenons par exemple un four à
micro-ondes. Ce dernier a dix ans et vous vous rendez compte
que la conjoncture n’est pas terrible, vous n’allez peut-être
pas le changer cette année mais passé un moment, il
faudra le remplacer. C’est ce qu’on appelle des investissements
obligatoires : au bout d’un moment les entreprises sont
obligées d’investir… et puis mon rôle est
d’accompagner les projets.
Est-il possible de créer une
réorganisation européenne ou mondiale du système
financier pour redynamiser l’économie ?
Avec la crise financière qu’on
connait, il va probablement y avoir une réorganisation des
banques, que se soit en France ou dans le monde. Jusqu’à
présent au sein d’une banque, tout était confondu :
les opérations de marché, les opérations de
banques d’investissement et de réseaux. Ces activités
vont être séparées. De plus la banque
d’investissement va considérablement être réduite.
Propos recueillis par
Sybile Morel
( interview par téléphone. Décembre 2011)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire