mardi 10 janvier 2012

Conversation avec un banquier.



René Gaucher, banquier à OSEO, explique comment fonctionne l'aide aux financements des entreprises dans un contexte de crise financière.


Quel est le rôle de la banque OSEO ?
Son rôle est d’aider le développement d’entreprises en France et plus prioritairement des PME c’est-à-dire des entreprises qui font moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaire. On n’est pas une banque de réseau, pas comme le Crédit Agricole ou la Banque Lyonnaise. Chez nous, on ne fait pas de comptes bancaires, pas de placements, mais que du financement d’entreprises. Il faut rappeler qu’il s’agit d’une banque 100% publique. Les fonds que l’on utilise pour financer les entreprises viennent de l’Etat et de la Caisse des Dépôts et de Consignation. Ces financements peuvent avoir lieu dans tous les secteurs d’activités. Cela peut être dans le transport, la mécanique, l’informatique…

Pouvez-vous me donner le nom de PME qui demandent cette aide financière ?
Je ne peux pas vous répondre car je suis soumis au secret bancaire.

                                                     
 Quel est votre rôle au sein de cette banque ?
Je suis délégué régional. J’ai la responsabilité de la délégation qui est à Lyon. Mon rôle est, avec 23 personnes qui sont sous ma responsabilité, d’étudier le projet de chaque entreprise afin de voir si on peut le financer. Les derniers projets que j’ai analysés sont une demande de financement pour faire construire un immeuble ainsi que la création d’une filiale en Chine.


Est-ce que vous avez des implantations à l’étranger ?
On n’a pas d’implantations à l’étranger mais des accords de partenariat avec une quinzaine de pays. On travaille avec des banques qui se trouvent au Japon, en Russie, au Canada, en Israël, et qui ont le même rôle qu’OSEO. Cela permet de financer des entreprises françaises qui s’installent à l’étranger. Par exemple, en ce moment on travaille avec des entreprises qui veulent investir en Chine, et le financement est facilité grâce à un accord entre la banque russe qui finance elle aussi des entreprises russes.

Quels sont les critères demandés aux entreprises pour qu’elles bénéficient de financements ?
Il y a des critères d’ordre réglementaire. Ils sont imposés par la Commission Européenne de Bruxelles. Ils sont basés sur l’effectif de l’entreprise, sur le niveau de chiffre d’affaire, sur les actionnaires de l’entreprise. Il y a aussi des critères financiers qui analysent la santé  de l’entreprise. On analyse son projet et on regarde si ce dernier peut permettre à l’entreprise de se développer ou bien alors s’il est susceptible de la déstabiliser.


Aujourd’hui dans le cadre de la crise, est-ce que les entreprises éprouvent de plus en plus de mal à trouver un financement?
Pour certains projets qui sont des  projets  "à risques " il est difficile de trouver des financements. Il s’agit de projets d’innovations, de création ou de transmission d’entreprise.


Est-ce que la crise financière est un frein au développement des investissements des entreprises ?
La crise financière a généré de la prudence chez les chefs d’entreprises car il y a moins de visibilité au niveau économique sur les trimestres à venir, donc ils hésitent un peu plus à lancer des projets. Du côté des banques traditionnelles comme la banque Général, il y a aussi une hésitation à financer. Mais même si une entreprise retarde ses investissements pendant six mois, un an, deux ans, il y a un moment où elle est obligée de les faire.

C’est-à-dire ?
Prenons par exemple un four à micro-ondes. Ce dernier a dix ans et vous vous rendez compte que la conjoncture n’est pas terrible, vous n’allez peut-être pas le changer cette année mais passé un moment, il faudra le remplacer. C’est ce qu’on appelle des investissements obligatoires : au bout d’un moment les entreprises sont obligées d’investir… et puis mon rôle est d’accompagner les projets.

Est-il possible de créer une réorganisation européenne ou mondiale du système financier pour redynamiser l’économie ?
Avec la crise financière qu’on connait, il va probablement y avoir une réorganisation des banques, que se soit en France ou dans le monde. Jusqu’à présent au sein d’une banque, tout était confondu : les opérations de marché, les opérations de banques d’investissement et de réseaux. Ces activités vont être séparées. De plus la banque d’investissement va considérablement être réduite.



Propos recueillis par Sybile Morel
( interview par téléphone. Décembre 2011)

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