Le
crime, les bandes, la drogue, les armes. Un quotidien infernal pour
les gangs d’Amérique centrale.Notamment à San Salvador.
Le 2 septembre 2009, Christian Poveda est assiné de 4 balles dans la tête pendant un tournage avec la Mara 18. Il laisse derrière lui son dernier documentaire mexicano-français: La vida loca.
Christian Poveda, reporter et réalisateur franco-espagnol |
On les nomme plus
généralement «Maras». Une référence aux fourmis
carnivores d’Amérique centrale qui détruisent tout sur leurs
passages (marabuntas). Ces bandes sont nées aux États-Unis
mais le gouvernement américain a décidé, en 1996, de renvoyer plus
de 100 000 criminels dans leurs pays d’origines (toujours en
Amérique centrale). La marche vers la paranoïa et l’enfer
commence.
Les guerres civiles n’ont
fait qu’accélérer ce processus de bandes. Ces personnes ont
souvent aucune qualification et trouve que du travail précaire. En
même temps, il est difficile lorsque l’on porte des tatouages sur
presque la totalité du corps y compris le visage. Ces tatouages ont
une signification précise, ils montrent l’appartenance au gang et
chaque tatouage représente un crime (meurtre, viol, vol...)
A San Salvador, deux
groupes s’affrontent avec violences : la Mara Salvatrucha
et Mara 18. Une guerre sans fin ou l’aboutissement est
souvent la prison et la mort. Ces gangs se forment surtout durant
leurs séjours en prison. Ayant aucun repère, aucune identité ni
familles et amis, les bandes recrutent et forment leurs futurs
« soldats », qui ont souvent entre 17 et 27 ans. La
prison est à double tranchant, soit elle permet l’exclusion, soit
l’intégration.
Une réintégration
longue et parfois difficile. Un jeune de la Mara 18 sortit de prison
depuis 6 mois, a été abattu en pleine rue à coup de balles dans le
dos. Il venait de sortir de la boulangerie qu’il l’avait accepté
pour se réintégrer dans la société. Mais la folie des gangs l’a
vite rattrapé. Une fois qu’on est tombé dedans, c’est un pied
déjà mis dans la tombe. A chaque funérailles, c’est l’horreur.
Dans un cercueil à
moitié couvert, après la minute de silence de minuit, le défunt
est entouré des membres du gang chantant à capella la fameuse
chanson «Que vaya con dios». Le gang est enfermé durant toute une
nuit avec le corps du martyr pour le veiller. Les familles, amies et
autres ne peuvent le voir que durant la journée. Lors de la mise en
terre, c’est une pluie de cries et de pleurs qui se propagent et
déchirent les oreilles.
A travers cette jungle où
le crime organisé et ultra hiérarchisé s’étend, un tout autre
modèle se développe. L’existence d’une famille traditionnelles
naît et regroupe tous les enfants de rues, les jeunes délinquants,
les filles abandonnées et maltraités. Une sorte de confrérie élit
les chefs de bandes, ne dépassent presque jamais la trentaine. Ils
peuvent aussi être « déchus » s’ils ne se montrent
pas à la hauteur. Chaque gang a ses règles, ses lois et sa morale.
On peut tuer un membre du clan adverse, mais la pire insulte pour un
membre du gang, c’est d’être accusé d’avoir abattu un «
civil »…
Ces adolescents trouvent
dans ces bandes un sentiment d’appartenance à un groupe, une
certaine sécurité et un réconfort qu’il ne trouve ailleurs. Hors
société, ces jeunes mafieux ne demandent rien sauf le droit de
vivre dignement et dans la sécurité. Exister pour être protégé
et reconnue dans la loi et les droits constitutionnels de leur pays.
Ces
gangs vivent de trafics de drogues, d’armes et violences. Pourtant
les autorités développent d’importants moyens et font face à ces
gangs. Mais ce n’est pas assez. Livré à eux-mêmes, ce n’est
plus une vie mais de la survie ! Vingt années après la guerre
de San Salvador, une autre est apparue mais opposants les pauvres au
pauvres dorénavant.
Marine Drillard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire