samedi 23 février 2013

Est-ce bien raisonnable de se raser ?


Le poil ne serait t-il pas le véritable accessoire de mode du vingt et unième siècle ? A en croire les publicitaires de Chanel, c'est même idéal à parfumer. Si le poil fait l'unanimité contre lui chez la gente féminine, il est l'objet de séduction par excellence (ou pas) « pour nous les hommes ». Alors que faire de cette petite touffe qui parcoure le nombril, de cette barbe épaisse et piquante et de cette moustache qui vous chatouille le nez ? Tout raser ou tout garder, éternel débat 100% testostéroné mais auquel une femme a toujours le dernier mot. Raser pour apparaître propre sur soi ou laisser pousser cette forêt ardente en mode Robin des Bois ? Peu d'hommes restent insensibles à cette question, le poil est un symbole de virilité et qui dit virilité dit fierté, fierté d'exhiber sa masculinité et donc sa domination sur la créature féminine, délestée de tout pouvoir. N'est-ce pas là l'origine même de l'inégalité homme/femme ? Du machisme ? Ce qui est sûr c'est que se raser ou pas relève de sa propre personnalité, de sa propre nature.

En plein débat sur le mariage pour tous et sur la place des homosexuels dans la société, le cliché est encore plus d'actualité : les gays sont-ils tous rasés, les hétéros sont-ils tous poilus ? Difficile d'en faire une généralité mais la constatation est flagrante, les poils peuvent témoigner de l'orientation sexuelle d'un homme ! A vrai dire si le poil divise autant la société, c'est qu'il est l'objet de toutes les convoitises mais aussi de toutes les hantises. Une première fois en amour, c'est un moment fort dans une vie mais se raser pour la première fois peut être un moment douloureux dans une vie. Coupures, boutons, joues en feu, se raser peut s'avérer dangereux si on ne s'y prend pas correctement. Ne pas se raser pour ne pas se défigurer, pas sûr que l'argument soit solide.

En revanche si on tient compte de l'aspect religieux de la chose, se raser n'est pas anodin, la Torah exigeant que « tu ne te raseras pas le coin de ta barbe ». Dans l'islam, laisser pousser sa barbe correspond à la tradition du prophète: « Différenciez-vous des polythéistes : laissez pousser vos barbes et coupez vos moustaches » disait Mahomet. Les islamistes intégristes se sont d'ailleurs approprié cette tradition, à un point tel qu'elle est devenue leur marque de fabrique. Autant dire qu'elle ne passe pas inaperçue. Si un djihadiste coupe les mains des voleurs, si vous en faites de même avec sa barbe la douleur ne sera certainement pas la même mais l'affront que cela représente est au moins aussi douloureux. Les autres religions ne prêtent guère attention au fait de se raser hormis bien sûr les bouddhistes (voir le Dalai Lama, rasé de la tête aux pieds) qui voient dans le fait de se raser « comme un symbole de renonciation à la mode mondaine et à l'estime ».

Chaume (barbe très courte de quelques jours), barbiche (touffe de cheveux cultivés sur le menton) ou jugulaire (la barbe qui se finit sous le menton), la barbe peut être cuisinée à de nombreuses sauces. Alors messieurs, lancez-vous! Tous les styles sont permis même s'il est préférable d'être athée! N'oubliez pas « La nature de la barbe contribue dans un degré incroyable pour distinguer la maturité de corps, ou distinguer le sexe, ou contribuer à la beauté de virilité et de force » dixit Lactantius (240-320 av J-C), précurseur de son époque.


Thomas Courtade

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