dimanche 10 février 2013

Comment je me suis embourbée à l'auto-école


Passer son permis. Étape quasi inévitable de la vie. Á 19 ans, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette aussi. J’ai trouvé une jolie auto-école avec une gentille et souriante équipe et une plaquette de tarifs plutôt sympathique. Mon erreur a surement été de choisir cette auto-école car elle était près de chez moi et de ne pas regarder plus loin que le bout de mon nez. Alors comment je me suis faite plumer par mon auto-école ?

En plein cœur du quartier Jean Macé, l’auto-école fait le plein d’étudiants. L’aventure commence par une évaluation de niveau. Avant même de m’inscrire. Je fais un chèque de 25 euros pour évaluer mon niveau et le nombre d’heures dont je vais avoir besoin. Le verdict est de 34 heures. Correct.

C’est décidé, je me lance. Le patron de l’école est sympathique, j’y vais. Je choisis donc mon forfait. « Nice Price », « Premium », « Premium Plus »… Le top du top cette auto-école. Va pour Premium : cours de Code DVD pendant 4 mois, un cours en effectif restreint, 25 heures de conduite et 4 examens blancs. Le tout pour 1040 euros. Et aussi, l’autocollant A et un gilet jaune. Trop bien cette auto-école, super sérieuse. C’est parti !

Une formation de code devant un DVD. Le moniteur est absent lors de l’apprentissage. Avec ma formule, j’ai pu assister à un cours avec lui. Après, chacun des cours en sa présence m’a couté 16 euros. Presque digne d’une conférence de Nicolas Sarkozy à New York. 

Pour Jean Pierre Lemonnier, secrétaire Général de l’Union Nationale Intersyndicale des Enseignants de la Conduite (UNIDEC), c’est aberrant :

 - « Les sessions devant le DVD doivent venir après le cours avec le professeur. Vous imaginez si à l’école on vous faisait faire les devoirs avant le cours ? »

C’est bien ce que je me disais. Pas très pédagogique tout ça. Toujours aussi souriante, l’équipe a réussi à me faire croire que ces méthodes étaient légitimes, que je devais juste bien bosser par moi-même. 

Une moyenne de soixante heures en Rhône-Alpes 

Au bout d’un an, j’ai eu mon code. En route ! C’est parti pour les leçons de conduite au volant de ma 206 grise –avec en tête, la trentaine d’heures préconisées quelques mois plus tôt-.

10 heures… 20 heures… 30 heures… 40 heures… Bon c’est bientôt fini là ? On m’avait dit trente-quatre heures.

« Vous savez Mademoiselle, la moyenne, en Rhône-Alpes, est de soixante heures pour les élèves qui réussissent le permis du premier coup. » 

Ah bon… Ça m’interpelle quand même. Tous mes copains qui ont le permis se moquent de moi. Je ne suis surement pas très douée mais quand même ; il y en a pas un qui a fait plus de 35 heures de leçon.

« Oui mais eux ont appris en campagne. Vous savez, ce n’est pas du tout le même niveau. Un élève qui a son permis à la campagne, n’a pas le niveau pour conduire dans une grande ville. »

Ah bon… Oui mais ils ont leur permis eux au moins. Et toujours leurs deux bras.

Que je me souvienne, mon forfait était de vingt-cinq heures de conduite. J’ai dépassé depuis longtemps ! Je paye donc maintenant 45€ ma leçon d’une heure et 65€ les 90 minutes. Appelez-moi Rothschild.

Enfin... Ils sont gentils, ils ont l’air concernés par mon apprentissage. J’ai vraiment besoin de 50 heures de conduite

Je leur demande quand même comment font tous leurs clients pour financer leur permis.
- « La formation s’étale pour qu’ils ne paient pas tout d’un coup. »

Marrant, j’avais cru lire dans une interview que vous avez accordé au Plus du Nouvel Obs :

« Etaler des coûts dont le montant reste toujours aussi dramatiquement élevé ne fait que déplacer, moduler le problème. »

Je tiens le bon bout, quoi que…

La suite lundi 18 février....


Justine Fontaine

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