lundi 18 février 2013

Comment je me suis embourbée à l'auto-école (suite et fin)



Je tiens le bon bout, quoi que…

Vient enfin, l’étape finale. L’examen ? Non ! L’examen blanc. Il coûte un petit peu plus cher que les leçons de conduite. Pourquoi ? Parce que c’est un examen blanc. Oui mais ça dure plus longtemps qu’une leçon, il y a plusieurs moniteurs ? Non c’est tout pareil, mais c’est différent d’une leçon. Ah d’accord…

C’est parti pour l’examen blanc, puisque dans ma super sérieuse auto-école, il est impératif de réussir un examen blanc pour que le boss accepte de nous inscrire au vrai examen. Si un élève pense être prêt et veut sauter l’étape de l’examen blanc, il doit faire la démarche seul auprès de la préfecture et il obtiendra une date de passage… dans un an. Mais on paye quand même un service à l’auto-école ; ce n’est pas pour se débrouiller seul à la Préfecture… C’est légal ça ?

Apparemment les auto-écoles ont la pression. Pour Philippe Colombani, Président de l’UNIC, Union Nationale des Indépendants de la Conduite, c’est le système qui crée ses dérives :

        - « L’Etat ne donne pas assez de dates d’examen. L’auto-école obtient ses places en fonction de son taux de réussite. Elle a donc tout intérêt à présenter des élèves qui sont prêts. C’est trop facile de mettre en cause l’auto-école. »

Bon d’accord. C’est vrai toutes ces heures de leçon, ces examens blancs, ce doit être pour mon bien. Au moins, je serais bien prête.

D’ailleurs, ça y est ! C’est bon, j’ai enfin réussi un examen blanc !

Alors… ça veut dire… que ça y est… je peux passer mon permis !

« Vous pouvez le passer en ville dans le quartier de Monplaisir, là où on s’est entraîné (traduire « là où vous avez fait vos soixante heures de conduite ») le taux de réussite est d’environ 70% ou je peux vous inscrire à St Priest. C’est la campagne, il n’y a personne, c’est super facile, notre taux de réussite est de 95%. »

Ah bon… Je ne vais pas tenter le diable, OK pour St Priest. 

- « Oui mais du coup, il faut reprendre trois leçons de deux heures pour aller s’entrainer là-bas. »

Ah bon… Bon d’accord, je ne vais pas tenter le diable là non plus. Avec un peu de chance, ce seront mes six dernières heures, donc c’est parti !

Et là, c’est le drame. Mais en fait, pendant mes soixante heures de leçon, je suis allée qu’en ville. La campagne, je ne connais pas. Les 90km/h sur les petites routes, les virages en côte… Mais en fait, je ne suis pas prête !

Sur ce point, les deux dirigeants de syndicats sont d’accord.

- « C’est du bachotage. On n’apprend pas à conduire dans un seul quartier ! »

Trop tard. J’ai passé mon permis. Je l’ai loupé. L’examinateur a cru que j’étais une débutante : 

- « Mais elle a fait 20 heures de conduite, celle-là ! »

Non Monsieur, j’étais un peu stressée. Mais sinon, j’ai fait 62 heures de leçon. 62 heures en centre-ville. 
Bien loin la trentaine d’heures de l’évaluation. Dans la Nièvre, j’aurais eu mon permis trois fois.

Une auto-école est un entonnoir

Tant pis, je vais le repasser. Entre temps, il va falloir reprendre des leçons pour ne pas régresser, puis repayer un examen. 98 euros. C’est le jeu !

Difficile de dire si je me suis faite escroquée. Quoiqu’il en soit, mon papier rose me coutera plus de 3 000 euros. Je ne suis pas douée à la base, mais quand même.

Jean-Pierre Lemonnier de l’UNIDEC m’a dit :

- « Je vous conseillerais de partir de cette école. »

Il m’a aussi confié que le top des auto-écoles, c’est celles qui proposent le permis à un euro par jour. Elles disposent d’une assurance qui promet une garantie financière à l’élève en cas de défaillance de l’auto-école. Et puis aussi, ces super auto-écoles ont signé une charte de délivrance de prestations de qualité. Elles sont censées être contrôlées par l’Etat. 

Voyons voir cette charte :

« L’école s’engage à dispenser des cours théoriques exposant les grands thèmes de la sécurité routière (prévention des risques liés à l’alcool et aux produits stupéfiants, à la vitesse, au défaut de port de la ceinture de sécurité…). » 
- « L’école s’engage à faire accompagner l’élève par un enseignant à chaque présentation à l’examen pratique. »

Bien difficile de ne pas la respecter, cette charte. Et puis en plus, il semblerait qu’il n’y ait aucun contrôle.

Mon meilleur conseil serait de ne pas tenter l’aventure dans une grande ville. Les auto-écoles sont accueillantes, très fréquentées mais ce sont des entonnoirs. 

Philippe Colombani, président de l’UNIC, l’a dit :

- « On y entre tous facilement, mais on en sort très difficilement. »

Je vais renouveler mon abonnement Velo’V.
Justine Fontaine

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