Le
festival consacré au triptyque de Puccini, débute en février à l’opéra de Lyon.Chacune de ses trois œuvres composées en 1918, (Il tabarro, Suor Angelica,
Gianni Schicchi) sera accompagnée de pièces contemporaines.
Lundi
23 Janvier. 20h00. Le parterre de la salle de l’Opéra de Lyon ainsi que trois
balcons sont pleins. Parmi le public, des couturières, des habilleuses, des
maquilleuses, le personnel de l’opéra et aussi ceux qui souvent restent dans
l’ombre : les constructeurs de décors... Il ne s’agit pas d’une première
représentation mais de la dernière répétition, la Générale. Au programme, une
œuvre de Schoenberg : Von heute auf morgen (Du jour au lendemain) crée en
1930, ainsi que le premier volet du triptyque de Puccini crée en 1918 : Il Tabarro (le manteau).
Sur
scène, une partie du décor est déjà installée : un grand cadre marron
semblable à celui d’un tableau avec écrit autour : Von heute auf morgen,
Schoenberg.
En contrebas, la fosse d’orchestre se remplit peu à
peu. Les musiciens installent leurs partitions, font tomber de temps à autre
celles des pupitres voisins. Les violonistes, altistes, violoncellistes,
flûtistes sortent leur instrument de leur étui. Excepté quelques retardataires
et quelques bavards qui préfèrent rire ; les pianistes, puis l’ensemble des
musiciens commencent à faire des gammes. Au centre, une violoncelliste se
tourne vers les spectateurs et fait des signes de mains aux personnes venues
l’écouter. En retrait, une musicienne fouille constamment dans son sac :
elle en sort une bouteille d’eau, un paquet de mouchoirs puis une boite de
pastilles qu’elle pose sur le rebord du pupitre. Enfin, elle enlève son pull,
se lève pour le mettre correctement au dossier de sa chaise puis se rassoit et
finalement remet sa bouteille d’eau dans son sac. Son voisin lui, n’a toujours
pas sorti son violon : il garde l’étui sur les genoux et attend les bras
croisés.
Soudain, les lumières s’éteignent. Le chef
d’orchestre, Bernhard Kontarsky, chargé de mettre en musique la pièce de
Schoenberg, arrive sous un concert d’applaudissements et monte sur l’estrade.
Une voix enregistrée rappelle à la salle qu’il s’agit d’une répétition et qu’il
peut y avoir des petits contretemps. Quelques rires fusent de la fausse
d’orchestre. Bernhard Kontarsky brise le silence en faisant ses dernières recommandations
« faites bien les croches, soyez précis ». Les premières mesures sont
jouées. La pièce peut commencer : en rentrant d’une soirée, un couple se
querelle. Le mari joué par Wolfgang Newerla est séduit par une demoiselle (Ivi Karnezi). Sa femme, (Magdalena Anna Hoffman) n’est pas restée insensible au
Chanteur (Rui Dos Santos). Scène de ménage, désaccords et réconciliation…
L’accompagnement musical n’est
aucunement en harmonie avec la partie chantée : glissandi, pincements de
corde viennent défaire tout phrasé musical.
Les décors expriment de manière parfaite le
caractère de la pièce : moderne, loufoque et un brin tragique. Colorés, avec
des rayures vertes et des pois rouges, ils descendent et remontent grâces à des
cintres placés au dessus de l’espace scénique. Un lit et une table se déplacent
seuls sur le plateau – ils sont installés sur un tapis roulant qui se confond
avec le plancher-.
Une
belle prestation ainsi qu’une mise en scène vivante ont permis au spectateur de
suivre une musique souvent difficile à écouter.
Après quinze minutes d’entracte, Il
Tabarro de Puccini commence. Des écrans de télévisons qui se trouvent face à
l’espace scénique s’éclairent et permettent aux chanteurs de suivre les
indications du chef d’orchestre, Gaetano d’Espinosa.
Il Tabarro, œuvre de tradition Belcantiste et
drame romantique ou se mêlent tension et souffrance, contraste avec Von heute
auf morgen de Schoenberg, opéra de
musique sérielle aux principes dodécaphoniques.
L’histoire
se passe à Paris. Au bord de la Seine, dans une péniche, vit un couple :
Michele (Werner Van Mechelen) et
Giorgetta (Csilla Boross). La mort de leur enfant les a éloignés.
Michele aime encore sa femme mais cette dernière tombe sous le charme de Luigi
(Thiago Arancam), un ouvrier qui travail pour eux.
Il
est 22h30. Le rideau se baisse après 10 minutes d’applaudissements. La soprano
Csilla Boross, a su émouvoir le public grâce à son jeu ainsi qu’à la puissance
de sa voix, à la fois chaude et claire. Quant à Thiago Arancam, son solo a été un
véritable succès. Pendant quelques secondes on crut entendre la voix lumineuse
de Pavarotti.
Les lumières se rallument et les
spectateurs quittent la salle. La fausse se vide petit à petit. Bientôt, ce
lieu magique se retrouvera dépourvu de toute vie jusqu’à la prochaine
représentation où il vivra à nouveau comme renaît le phénix de ses cendres.
Sybile Morel
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