lundi 5 mars 2012

Lyon à Dubaï? Il faut chercher...


« Lyon-Dubaï City », utopie lyonnaise et fièvre dépensière de milliardaire, n'est aujourd'hui plus d'actualité. Mais quelques entreprises lyonnaises, ont en revanche, indépendamment pris racine à Dubaï. Quelles sont-elles?

En 2008, le tout Lyon s'animait pour le superbe « Lyon-Dubaï City » qui promettait des « Bouchons » et des « Traboules », au milieu des plus hauts buildings.
Qu'en est il au juste, quatre ans après la visite de l'Emir Buti Saeed Al Ghandi, cet investisseur tombé amoureux de la Cité des Gones?

Déjà en 2009, la crise immobilière a eu le temps de tout geler sur son passage et de rafraîchir les ardeurs. A Dubaï, seule la construction de la tour la plus haute du monde est restée d'actualité et tout autre plan immobilier a été stoppé. C'est ce que confirme Nicolas de Marigny, directeur de ERAI Dubaï, « La crise a eu un impact sur le choix stratégique des projets d’investissement. Aujourd’hui, les investissements sont davantage tournés vers les idées industrielles. ».




C'était pourtant bien parti. De nombreuses collaborations étaient entamées, entre autres avec l'Université Lyon II, l'Institut Paul Bocuse ou encore l'Olympique Lyonnais. Un premier aboutissement avait eu lieu avec le Musée des Tissus et l'ouverture d'un magasin Zilli, soutenue par le Comité Bellecour, association qui regroupe les artisans lyonnais du luxe. L'idée n'était pas seulement de reproduire Lyon dans les Émirats Arabes, mais plutôt d' « imiter son architecture, à la manière des villes nouvelles européennes », déclare Guillaume Arnoud, devenu seul responsable du projet pour Le Grand Lyon, avec « ses musées, ses restaurants, ses entreprises, tous ses emblèmes qui construisent son schéma d'urbanisme ».

Guillaume Arnoud affirme effectuer un travail de veille depuis Lyon, auprès des entreprises dubaïotes concernées. Cependant, d'après la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lyon, aucune entreprise n'est basée à Dubaï dans le cadre de « Lyon-Dubaï City ». Romain Blachier, élu du 7ème arrondissement, affirme que « cela a permis de belles collaborations entre Dubaï et Lyon, par exemple pour les lyonnais de GL Event ». Florence Verney-Carron, responsable des relations presse pour la société d'évènementiel, dément en soulignant n'avoir jamais été contactée dans le cadre de « Lyon-Dubaï City » 

Si, en 2008, Gérard Collomb, maire de Lyon, se pâmait devant ce projet et ces futures belles années de tourisme qui s'annonçaient, aujourd'hui, il est difficile de trouver un élu qui soit disposé à parler du sujet sur le champ. Mais Guillaume Arnoud le jure : tout est susceptible de repartir d'ici fin 2012. L'Emir Al Ghandi l'avait d'ailleurs confirmé dans un interview accordé en avril 2011 au cabinet d'expertise PKF ; dans laquelle il expliquait que d'ici 2015, une fin hypothétique de la crise pourrait faire repartir les constructions. Reste à savoir si le projet lyonnais sera toujours d'actualité. Pour Bruno Masurel, ancien responsable du projet à la CCI de Lyon, « l'idée a coulé et ne donne pour l'instant aucun signe de vie ».

Ce qui est sur, c'est que « Lyon-Dubaï City » ne figure plus dans les priorités de personne. Tous ceux qui avaient été dépêchés à Dubaï ont été rapatriés ; et aujourd'hui à Lyon, seule une poignée de personnes est encore en charge de « veille » et il est difficile à croire qu'elles trouvent à occuper leur journée avec une ébauche aussi catégoriquement stoppée par un des hommes les plus riches de la planète. Pour preuve, Charles-Henri Malécot, missionné par Emivest, investisseur et porteur du projet, a depuis trouvé un nouvel emploi.

Il reste néanmoins des entreprises qui, fortes de leur propre initiative, ont sut s'exporter au Moyen Orient et profiter de ce nouveau marché. Elles travaillent dans l'éclairage, l’événementiel, la ventilation ou encore le froid industriel, en voici un aperçu.


     Un air lyonnais à Dubaï

Installée dans le Golfe Persique depuis 1982, Aldes a su profiter des belles années de Dubaï au prix de quelques adaptations.

Depuis trente ans, Aldes, entreprise lyonnaise de ventilation, s'est implantée à Dubaï. Avec un chiffre d'affaires de 220 millions d'euros dont, six dans les Émirats et ses quinze implantations dans le monde, Aldes a su s'adapter au marché immobilier dubaïote, à l'époque, en forte croissance. En effet, si la société a vu en Dubaï une occasion de s'enrichir c'est par commodité du fait de la facilité d'implantation, la ville étant très favorable aux investissements étrangers. Aldes et ses employés ont du bien évidemment « revoir leur code ». Gaëtan Pierrefeu, directeur de la filiale à Dubaï, affirme avoir du à titre personnel « repenser ses guides d'analyse ». En effet, Dubaï est un environnement cosmopolite où seulement 10% de la population est d'origine dubaïote. « Là-bas, lorsque l'on rencontre quelqu'un, la première question est d'où venez-vous ? et la deuxième depuis combien de temps êtes vous à Dubaï ? » Il faut être à l'écoute de l'interlocuteur. « Un Egyptien arabe musulman et un Syrien arabe musulman n'ont pas la même culture, la même éducation, les mêmes réflexes... » complète-t-il. Mais Aldes a du également s'adapter à travers ses activités. En Europe, son marché s'oriente principalement vers la ventilation et la qualité de l'air alors qu'à Dubaï, l'activité est concentrée autour de la climatisation car la ventilation n'est pas acceptée ni même reconnue. De même, la clientèle s'est d'elle même adaptée de Lyon à Dubaï. Dans les Émirats, Aldes travaille exclusivement avec un segment de clientèle - les entreprises d'installation – de part l'organisation du marché, alors qu'en France, l'entreprise collabore avec des réseaux de distributeurs professionnels, des grandes surfaces de bricolage, des mainteneurs....
Aldes avoue avoir pris contact avec la Mairie de Lyon et en particulier l'Aderly au moment de la naissance du projet « Lyon-Dubaï City » fin 2007, mais sans obtenir sans réponse. Ce qui pouvait s'expliquer par le fait que les produits Aldes s'inscrivent en phases 3 ou 4 d'une construction et donc qu'ils ne suscitent pas de vif intérêt en phase d'étude. Pour Gaëtan Pierrefeu, ce projet est « globalement tombé à l'eau ».


   Le géant de l'événement à la lyonnaise 

GL Events est le rare cas de success story lyonnais à Dubaï.

GL Events : rien que le nom promet la folie des grandeurs. Avec un chiffre d'affaires de 782,70 millions d'euros en 2011, soit une hausse de 7,6% par rapport à 2010 et un résultat net de 26,4 millions d'euros, GL Events s'impose comme le géant de l’événement à Lyon. Mais pas seulement. Avec 91 filiales dans 17 pays, GL Events s'implante sur tous les marchés à grands coups de salons, d’événements corporates, de congrès... Malheureusement, Florence Verney-Carron, responsable des relations presse pour la société, n'a pas souhaité communiqué sur l'implantation à Dubaï qui semble pourtant être très active. En revanche, elle a affirmé n'avoir « jamais été approchée dans le cadre du projet  Lyon-Dubaï City ».

Justine FONTAINE


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